Inondations à Bandal : le quartier Makelele sous l'eau, les habitants obligés de sortir nuitamment avec leurs meubles

Inondations à Bandal : le quartier Makelele sous l'eau, les habitants obligés de sortir nuitamment avec leurs meubles

« Nous avons compris que le slogan "Kin ezo bonga", devenu une simple chanson pour l’actuel gouverneur de la ville de Kinshasa, n’était qu’une illusion, un discours trompeur destiné à duper la population. » Telle est la déclaration d’un jeune habitant de la commune de Bandalungwa, victime des inondations causées par la forte pluie qui s’est abattue sur Kinshasa dans la soirée du jeudi 1er mai, provoquant d’importants dégâts matériels et des débordements d’eaux de ruissellement.

Le pont Makelele, considéré comme la frontière naturelle entre les communes de Bandalungwa et de Kintambo, a été complètement submergé par les eaux de pluie. La route est devenue impraticable, obligeant les conducteurs de véhicules et les motocyclistes, redoutant la profondeur des eaux issues du débordement de la rivière Makelele, à contourner par le quartier GB pour atteindre leur destination. Pour les piétons, la seule option pour traverser vers la commune de Kintambo consistait à se faire porter sur le dos par des jeunes du quartier, moyennant 1 000 francs congolais.

Les avenues Lukula, Babonge, Assolongo, Masiala et Milambo ont été envahies par les eaux. Plusieurs propriétaires ont dû sortir leurs meubles à l’extérieur pour tenter de préserver leurs biens, et surtout sauver leur propre vie face à la menace des inondations.

Selon une résidente de Kintambo vivant à proximité du pont : « Ce débordement est causé par le mauvais positionnement du pont, qui est devenu trop court. Lorsqu’il pleut abondamment, les eaux ne parviennent pas à s’écouler normalement vers le fleuve Congo et finissent par envahir les parcelles voisines de la rivière Makelele. » Elle ajoute que les habitants contribuent également au problème en jetant des déchets dans les caniveaux, ce qui obstrue l’écoulement des eaux après chaque pluie.

Un autre témoignage, celui d’un doyen du quartier Makelele habitant l’avenue Bungu dans la commune de Bandalungwa, met en cause la construction anarchique de maisons sur un terrain appartenant à l’hôpital de Kintambo. « Lors de la construction de ce mini-quartier, les architectes ont rétréci le lit de la rivière Makelele. En cas de fortes pluies, l’eau ne trouvant plus de voie de passage revient vers notre côté et provoque des inondations », explique-t-il.

Selon la même source, l’État congolais, conscient du danger que courent les habitants du quartier Makelele vivant à proximité de la rivière, avait déjà acquis des parcelles au quartier Mpassa, dans la commune de N’sele, dans les années 1990, pour y reloger ces populations. Toutefois, beaucoup de bénéficiaires ont revendu ces terrains pour retourner s’installer sur leurs anciennes parcelles.

Aujourd’hui, il est urgent pour le gouvernement provincial de trouver une solution durable à ce problème qui affecte gravement la population. Deux pistes sont envisagées : soit reconstruire un nouveau pont capable de canaliser les eaux pendant la saison des pluies, soit déloger les habitants des zones à risque, notamment ceux dont les familles avaient déjà reçu des parcelles de relogement sous le régime du président Mobutu.

Ben Dibanzilua